Le 14 octobre, le vaisseau spatial russe Soyouz TMA-5 décollera de Baïkonour (Kazakhstan). A son bord se trouveront deux cosmonautes russes (Salizhan Sharipov et Iouri Shargin) et un astronaute américain (Leroy Chiao). Le 16 octobre, ils arrimeront leur Soyouz à la station spatiale internationale (ISS), actuellement occupée par Gennady Padalka (Russie) et Mike Fincke (USA).
Après quelques jours d'opérations communes, Padalka, Fincke et Shargin retourneront sur Terre à bord du vaisseau Soyouz TMA-4 actuellement arrimé à la station.
Chiao et Sharipov resteront à bord de l'ISS pour un séjour de plusieurs mois (jusque fin avril 2005). Ils seront le dixième équipage permanent de la station.
Sources :
NASA Human Spaceflight
JPL - Space Calendar
Vince
Ceci m'inspire quelques réflexions que je voudrais partager avec vous. Une telle nouvelle est en effet presque banale, à l'heure actuelle, mais elle l'aurait été nettement moins il n'y a guère.
La station spatiale internationale est en effet le fruit d'une collaboration entre plusieurs pays, dont certains ont pourtant jadis (et parfois assez récemment) été ennemis. En particulier, il est intéressant de noter que, depuis le tragique accident de la navette américaine Columbia survenu le 1er février 2003, les vols habités américains se poursuivent ... grâce aux Russes !
Depuis cet accident, en effet, les vols de navettes américaines sont suspendus, mais plusieurs astronautes américains ont néanmoins pu se rendre dans l'espace (en l'occurrence, dans la station spatiale internationale), à l'aide de vaisseaux Soyouz russes. Ils étaient accompagnés de collègues russes et européens.
Certes, la taille des équipages permanents de l'ISS a dû être réduite, passant de 3 à 2 personnes, suite aux difficultés d'approvisionnement résultant de l'indisponibilité des navettes américaines. Mais l'ISS est restée occupée en permanence et ses opérations se poursuivent, malgré le fait que la reprise des vols de navettes américaines n'est pas prévue avant mai 2005...
L'utilité scientifique de la station spatiale internationale est sujette à discussions mais elle aura vraisemblablement appris aux différents pays participants à travailler ensemble à un projet commun... Cela pourrait faciliter leur collaboration pour des projets plus ambitieux : des missions habitées à destination de la planète Mars, par exemple...
Remarquons au passage que les équipages se succédant à bord de l'ISS font que, depuis le 31 octobre 2000 (soit depuis près de quatre ans), il y a en permanence au moins deux êtres humains dans l'espace... Rappelons, pour mesurer les progrès accomplis en la matière, qu'il y a 50 ans, aucun humain (ni même aucun objet fait par l'Homme) n'avait encore atteint l'espace !
En un an, nous avons d'ailleurs assisté à au moins deux événements intéressants concernant les vols spatiaux habités...
Le 15 octobre 2003, Yang Liwei est devenu le premier "taïkonaute" (astronaute chinois). La Chine devenait ainsi, après l'URSS (puis la Russie) et les Etats-Unis, le troisième pays ayant envoyé, par ses propres moyens, un homme dans l'espace.
Remarquons que la Chine ne participe toutefois pas actuellement à la station spatiale internationale...
Autre événement marquant : les trois vols spatiaux habités effectués par le vaisseau privé SpaceShipOne. Le vol réalisé le 21 juin 2004 était le premier vol spatial habité privé. Les vols des 29 septembre et 4 octobre 2004 lui ont permis de remporter l'Ansari X-Prize : une récompense de 10 millions de dollars américains pour la première équipe privée ayant financé, construit et lancé un vaisseau spatial capable de transporter 3 personnes à 100 kilomètres d’altitude et de les ramener saines et sauves sur Terre, et ce deux fois en deux semaines avec le même véhicule.
Ceci devrait petit à petit faciliter le "tourisme spatial". A l'heure actuelle, seuls deux touristes se sont déjà rendus dans l'espace : Dennis Tito (USA) en 2001 et Mark Shuttleworth (Afrique du Sud) en 2002. Tous deux avaient payé (cher !) pour pouvoir participer chacun à une mission russe à destination de l'ISS.
Que puis-je dire de ce que l'avenir nous réserve en matière de vols spatiaux habités ?
On peut vraisemblablement s'attendre dans les années qui viennent à de nouveaux développements concernant les vols spatiaux privés destinés au tourisme spatial et à de nouvelles missions habitées chinoises en orbite autour de la Terre...
D'après la vision du programme spatial américain présentée en janvier par le président des Etats-Unis George W. Bush, les USA achèveraient, avec leurs partenaires, l'assemblage de la station spatiale internationale à l'aide des navettes américaines (une fois que les vols de celles-ci auraient repris). Cet assemblage terminé, les navettes seraient retirées du service.
Un nouveau véhicule spatial américain serait développé, permettant de transporter des équipages de la Terre vers l'ISS et de l'ISS vers la Terre, mais offrant également la possibilité de quitter l'orbite terrestre, pour de nouvelles missions habitées à destination de la Lune (la dernière remonte à 1972...). Des objectifs plus lointains seraient également visés, comme une mission habitée à destination de la planète Mars.
George Bush a par ailleurs précisé que les Etats-Unis agiraient en partenariat avec d'autres nations. Il me paraît probable que la Russie, l'Europe et le Japon, pour ne citer qu'eux, seraient intéressés...
De fait, c'est vraisemblablement dans la coopération internationale (et pourquoi pas mondiale !) que réside l'avenir des futurs vols spatiaux interplanétaires... Et, à titre personnel, cela ne peut que me réjouir. "L'Union fait la force !"
Vince