Historique du télescope (5)
par Gaétan Herbinaux
publié le 22 février 2003
Un saut qualitatif important restait
à faire par rapport à cette génération de
télescopes,
dans
la
quête
de plus grandes
surfaces collectrices ; il devait reposer
sur une
conception
tout
à
fait différente
des miroirs.
Le prototype des
télescopes
à miroirs
multiples
fut
réalisé
en Arizona, au sommet du mont Hopkins
(2800 m)
par l'observatoire
Smithsonian
de
Cambridge
(Massachusetts). Il s'apparente
à l'œil
composé des insectes,
constitué
de
multiples
petits yeux élémentaires et
formant
une image mosaïque
: six miroirs
de
1,8
m de diamètre sont montés en parallèle,
réglés
par ordinateur
à l'aide d'une
"
étoile
artificielle " à laser, de façon à
concentrer
la lumière
en un point unique,
où
se
recompose parfaitement l'image.
Prévu pour
travailler
dans le proche infrarouge,
le
MMT
(Multi-Mirror Telescope)
équivaut
à un instrument
monolithique de 4,5 m de
diamètre
et
se trouve ainsi au
troisième
rang mondial,
en termes de surface collectrice.
En
fait,
le MMT doit être
considéré
avant tout
comme un prototype des grands télescopes
de
l'avenir.
Ici,
comme
pour
le
télescope soviétique, une monture altazimutale
a
été adoptée. Le caractère
innovateur
apparaît
aussi
dans l'architecture. L'édifice
qui
abrite le MMT ne ressemble
en
rien aux
coupoles
des observatoires astronomiques
:
c'est un parallélépipède
blanc,
grand
comme
un immeuble de quatre étages. Mais
cet
immeuble, haut de 18 m,
long
de 21
m
et pesant 450 tonnes, peut tourner sur lui-même
lentement,
activé par
deux
moteurs
électriques
de quatorze chevaux seulement. Pendant
les
observations,
l'édifice
tourne
avec
le télescope. L'équivalent du cimier des
télescopes
classiques
est
une ample
fenêtre
en forme de L renversé, sur l'un des
côtés et
sur le toit
du
parallélépipède.
Ainsi,
en tournant l'édifice de 270° dans
les
deux directions,
il
est possible
de couvrir
(et même de façon redondante) tout
le
ciel, donc de pointer
le
télescope
dans
n'importe quelle direction.
Le
système
optique proprement
dit
ne
pèse
que le dixième d'un système classique avec
miroir
monolithique correspondant
à
la
même
surface collectrice (3500 kg au lieu
de
35000 kg). Pas d'oculaire ni d'endroit
privilégié
pour
l'observateur
: les données
sont
recueillies par des récepteurs
électroniques
et
enregistrées
directement sur
une
bande magnétique reliée à un ordinateur.
Il
fut
mis en service
en 1979.
Américains,
Soviétiques
et Européens
ont
très
vite évalué
la possibilité de construire de grands
télescopes
à miroirs
multiples
suivant
la
technique expérimentée au mont Hopkins.
Plusieurs
congrès sur
ce thème
ont
été
organisés à diverses occasions, notamment
par l'Observatoire
européen
austral
à
Genève,
en septembre 1983, et à Garching, près
de Munich,
en avril 1984.
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