Spoutnik
par Nicolas Rosseels
publié le 29 janvier 2002
Après avoir travaillé sur la conception de missiles balistiques intercontinentaux, Sergei Pavlovich Korolev s'est intéressé aux autres applications possibles de ces nouvelles technologies. En octobre 1951, l'un des membres de son équipe montra qu'il serait techniquement possible d'envoyer un satellite en orbite autour de la Terre. Mais à cette époque la conception de nouvelles armes reste la priorité.
En 1952, l'International Council for Scientific Union proposa d'organiser une année géophysique internationale (l'IGY) durant le prochain maximum de l'activité solaire (entre juin 1957 et décembre 1958). Les scientifiques des différents pays participants furent invités à coordonner leurs observations afin de mieux étudier les phénomènes géophysiques.
En 1955, une équipe de scientifiques soviétiques inspirés par un article publié par Korolev proposa d'approfondir les recherches dans le domaine des satellites artificiels. Quelques mois plus tard, l'académie des sciences créa la "commission permanente pour les voyages interplanétaires" chargée d'étudier les possibilités de lancement de satellites soviétiques.
Le 30 janvier 1956, le conseil des ministres soviétique autorisa le lancement d'un satellite au début de l'IGY. Le satellite (nommé D-1) devait transporter entre 200 et 300 kilos de matériel scientifique pour une masse totale entre 1000 et 1400 kg.
Korolev proposa d'utiliser comme lanceur une version modifiée du missile balistique R-7. Le R-7 était la plus grande fusée de l'époque (34 mètres), il était constitué d'un moteur principal et de quatre boosters identiques. La conception de la version modifiée du R-7 avança rapidement, mais le travail sur le satellite D-1 prit du retard. De plus, les premiers essais sur les moteurs du R-7 montrèrent qu'ils ne fonctionnaient pas assez longtemps pour placer un satellite de 1400 kg en orbite.
En janvier 1957, Korolev demanda l'autorisation d'envoyer en orbite, dans un premier temps, deux satellites (PS-1 et PS-2) beaucoup plus petits et plus légers. Il prévoyait de le faire avant le début de l'IGY afin de devancer un éventuel lancement américain. Les trois premiers essais de lancement du R-7 modifié (R-7 8A91), entre mai et juillet 1957, furent des échecs. Entre-temps, l'IGY avait commencé et le programme était sévèrement critiqué par les autorités. Korolev décida alors d'utiliser une version simplifiée des boosters du lanceur. La quatrième tentative de lancement d'un R-7 modifié fut un succès. Grâce à ce succès, Korolev reçut l'autorisation d'envoyer le satellite PS-1 en orbite.
En octobre 1957, après plusieurs retards dus à des problèmes techniques, le premier satellite artificiel, renommé Spoutnik par la presse (satellite en russe) et connu par la suite sous le nom de Spoutnik 1, fut mis en orbite autour de la Terre. L'équipe de Korolev s'était alors rapidement remise au travail pour que le second satellite (PS-2 renommé Spoutnik-2) soit prêt à être lancé un mois plus tard pour le quarantième anniversaire de la Révolution. Ce satellite, six fois plus lourd que Spoutnik-1, était conçu pour transporter le premier passager spatial : la chienne Laïka. Le 3 novembre 1957, Spoutnik-2 fut mis sur orbite.
Après le second succès de Korolev, le développement du lanceur et du satellite D-1 (Spoutnik-3) se poursuivit. La première tentative de lancement de Spoutnik-3 échoua : un des moteurs tombe en panne et le lanceur s'écrasa à quelques kilomètres de la base de lancement. La seconde tentative fut un succès ; Spoutnik-3 est en orbite. Malheureusement, à cause d'une défaillance technique, la plupart des données scientifiques ne furent pas retransmises à la Terre.